Le cri de résistance de Lemi Ponifasio

Lemi Ponifasio investit la Cour d'Honneur au Festival d'Avignon du 18 au 23 juillet 2014. Le spectacle I AM est à la hauteur de ce lieu emblématique de l'Histoire. Cet "I am" est le cri de résistance de l'homme face à l'écrasement du pouvoir. Lemi Ponifasio, militant pacifiste dans l'âme, a pour intention de faire sentir au spectateur qu'il existe, pour que celui-ci puisse ensuite ressentir les autres pour vivre en paix. Le centenaire de la première guerre mondiale est un sujet prétexte pour dénoncer le désastre humain que représentent toutes les guerres.



Ce spectacle I AM est pour moi l'un des plus impressionnants que j'ai vu cette saison. Cependant l'accueil du public fut très mou et celui des professionnels ici en Avignon très mitigé (par exemple lire la critique de P. Noisette dans Les Echos). Lemi Ponifasio est l'invité de grands festivals internationaux. I AM va tourner pendant 4 ans à travers le monde. Je ne sais pas encore s'il sera programmé de nouveau en France. Si vous avez l'opportunité de le voir, saisissez-la. Ce spectacle pourrait vous marquer.

Lemi Ponifasio attend du spectateur sa plus grande concentration et son ouverture d'esprit la plus large. Il s'adresse aux spectateurs par d'autres medium que le langage. 5 langues sur le plateau en Avignon sans traduction et cela n'a pas d'importance.  Lemi Ponifasio dénonce efficacement le bavardage du théâtre. Il existe d'autres façons d'entrer en résonance : incantations, cris de colère, mélopées, bruits de la terre, ondes magnétiques. Abandonner la langue comme medium, c'est se défaire du mental et de la culture, considérés par l'artiste comme des obstacles à la communion des âmes.



Le spectacle I AM est un séjour au royaume des morts. Les scènes sont impressionnantes. Le fait que Lemi Ponifasio est autodidacte, sans formation théâtrale, signe probablement l'originalité de la scénographie. Certaines scènes sont d'une telle force qu'elles resteront gravées longtemps en moi. Ne négligeons pas la force des images pour parler à notre inconscient.


Crédits photo : Christophe Raynaud de Lage


Catherine Zavodska, Festival d'Avignon, 21 juillet 2014
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