Thomas Lebrun au Festival d'Avignon 2014

Thomas Lebrun, le jardinier de la danse

Thomas Lebrun cultive son jardin derrière de hauts murs de pierres sèches, à l'abri des vicissitudes du monde.  Voilà l'effet que m'a produit cette première rencontre aujourd'hui. Le Festival avait organisé un point presse au lendemain de la première avec Thomas Lebrun. Ce fut presque un tête-à-tête, l'orage et les pluies torrentielles ayant découragé les journalistes de sortir.

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Thomas Lebrun cultive son jardin à l'anglaise.
Son jardin protégé peut être visité à l'invite de son propriétaire. Ce sont les regards des visiteurs qui le rendront d'ailleurs plus beau. Thomas Lebrun, formé à la danse expressionniste, dans la veine de la danse allemande, reprend à son compte : "la danse est un don pour l'autre".
Thomas Lebrun cultive pour le plaisir des danseurs, des spectateurs et pour lui-même. La relation à l'autre est pour lui vitale comme l'air. Il vit littéralement des émotions que les autres lui procurent. Cela se sent quand il parle des danseurs qui l'accompagnent fidèlement depuis quelques années, certains depuis l'origine de sa compagnie Illico en 2000.
A la première hier soir, il s'était installé en haut des gradins pour sentir réagir le public. Ces réactions le nourrissent. Il aime les surprises pour tout ce qu'elles contiennent de possibilités non envisagées.

Thomas Lebrun est un grand sensible
Le jardin à l'anglaise de Thomas Lebrun est le reflet de la richesse de sa sensibilité. Il se veut le reflet des émotions humaines dans leur plus grande palette.
Sa sensibilité fait écho aux préoccupations romantiques du XIXème siècle. La structure formelle du ballet en 3 actes (pantomime, variations, chorus) et le choix de lieder pour musique seront "bousculés par le bouillonnement intérieur de l'interprète" pour révéler la singularité primordiale de chaque danseur.
A l'image du jardin à l'anglaise, sa liberté de création peut s'exprimer dans un espace délimité par le patrimoine chorégraphique, pris dans le sens large des œuvres des générations antérieures.

Thomas Lebrun vit par et pour la transmission
Si la transmission est un thème important de Lied Ballet, sa création pour le festival d'Avignon 2014, elle le fait vivre à tous points de vue. D'abord interprète pour des chorégraphes comme Daniel Larrieu, Christine Bastin..., il est dans une relation presque fusionnelle avec leur geste. Puis chorégraphe depuis déjà 15 ans, enseignant, artiste en résidence, aujourd'hui Directeur du Centre Chorégraphique de Tours, la transmission n'est plus à prouver, il la vit intimement.

Tomas Lebrun dessine son jardin en fonction d'une nécessité intérieure, avec une sérénité peu ordinaire. Son indépendance d'esprit est garante de sa liberté. Il accepte le monde tel qu'il est : il se désolera des déchirements des professionnels de la culture sur le sujet actuel du régime des intermittents plutôt que de prendre une position tranchée.

Catherine Zavodska
Avignon, 7 juillet 2014

Prochainement : mon avis de spectateur sur Lied Ballet et calendrier de tournée


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