Thomas Lebrun enseveli sous les roses pour Lied Ballet

Thomas Lebrun, un brin blasé, m'a dit être indifférent de ce que l'on peut dire de ses spectacles. Il trace son sillon (cf. mon texte sur le jardinier de la danse). J'étais très impatiente de découvrir Lied Ballet. Manque de chance, la représentation à laquelle j'avais prévu d'assister fut annulée en signe de soutien au mouvement des Intermittents. Une fois n'est pas coutume, j'ai lu toutes les critiques des journalistes pour vous en donner une synthèse.

En conclusion, je comprends que Thomas Lebrun snobe les critiques mais il ne devrait pas bouder son plaisir, elles sont dithyrambiques. Par exemple : "Voyage à part entière, ce Lied Ballet est une étape dans le parcours d'un chorégraphe qui gagne toujours en profondeur, apportant une fois de plus la preuve que la danse a encore beaucoup à raconter" Marie-Valentine Chaudon pour La Croix.

LIED BALLET - Thomas Lebrun (extraits) Festival d'Avignon (générale) from charlotte rousseau on Vimeo.

Tous s'accordent sur la réussite de la pièce Lied Ballet. Tous ? Oui, c'est cela qui est étrange. Je me suis demandée pourquoi :




Les journalistes emploient une langue qui m'a paru excessive pour caractériser le spectacle. Jugez-en par vous-même.
Certains usent de religion pour louer l'oeuvre :
"Miracle d'intelligence, d'éloquence et de beauté" Raphaël de Gubernatis pour le Nouvel Observateur
"Somptueuse démonstration de grâce" La Provence
"L'extase du spectateur est à son comble" Emmanuelle Bouchez pour Telerama.fr

D'autre de sexe :
"L'expérience jouissive et entière d'avoir vécu un grand moment artistique" Siegfried Forster pour RFI.fr.

Deux d'entre eux ont essayé d'ajouter un bémol à la clé sur la forme, pas sur le fond.
"A vouloir enfoncer le clou d'une histoire de la danse qui relie hier et aujourd'hui, Thomas Lebrun prend le risque de se coincer dans une démonstration avec ce que cela entraîne de vissé et de sérieux" Rosita Boisseau pour Le Monde (dans Télérama, son texte n'est pas une critique, c'est une bio du chorégraphe).

"Tant de beauté affichée n'échappent pas hélas au piège du maniérisme. (...) L'extase du spectateur est à son comble (...) quand arrive la troisième partie." Emmanuelle Bouchez pour Telerama.fr, qui n'a pas aimé les costumes du troisième acte.



Je me suis étonnée également à lire les journaux du manque d'intérêt pour le sujet central de la pièce, à peine évoqué par quelques uns. Cela m'attriste d'autant plus que c'est le sujet qui est aussi au centre du projet DanseAujourdhui : la transmission. Thomas Lebrun s'interroge sur le cadre dans lequel créer aujourd'hui. Sa pièce en est une réponse. Sur cette question centrale, Thomas Lebrun ne trouvera aucune réponse de la part de la critique.

En tant que bloggeuse, je me demande en quoi je me différencie des journalistes et des critiques de danse. A lire la presse, papier et web, je peux affirmer que ma force est d'assumer un un point de vue subjectif. Il me semble intéressant de donner simplement mon avis personnel sur un spectacle. Je regrette de ne pouvoir le faire pour Lied Ballet. Je me contenterai donc lors de son passage en Ile-de-France de vous convaincre d'y venir avec moi.

Catherine Zavodska, Festival d'Avignon, 16 juillet 2014

Pour recevoir mes recommandations de spectacle et venir voir ce spectacle en région parisienne à tarif groupe, inscrivez-vous d'abord à la newsletter de danseaujourdhui.fr

Crédits photo : Christophe Raynaud de Lage pour le Festival d'Avignon
Crédits vidéo : avec l'aimable autorisation de Charlotte Rousseau pour le CCN de Tours


Libellés : ,